
Un jour, un sourire de béatitude, un instant de grâce ...
Le lendemain, une impression de lourdeur, un boulet qui empèche d'avancer ...
La mélancolie, pour moi, c'est un même état pour deux résultats ...
Christian Bobin livre sa perception de la mélancolie :
"La mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi. Elle est comme quelqu'un qui me fait de l'ombre, debout entre le jour et moi. Je dois pour m'éveiller la repousser sans ménagement. La mélancolie aime la mort, d'amour profond. Cela fait des années que je lutte avec ces profondeurs, que je m'efforce de limiter leur influence, sans y parvenir toujours. Seule la légèreté m'est toujours venue du côté de l'amour. Pas du sentiment : de l'amour. J'ai mis longtemps avant de voir ce qui séparait l'amour du sentiment : presque rien, un abîme. Le sentiment est du côté de la mélancolie. Il y tombe à coup sûr, tôt ou tard. Le sentiment et la mélancolie naissent d'une préférence de soi pour soi, d'une complaisance - exaltée ou effondrée - de soi pour soi. Le sentiment comme la mélancolie sont insondables, pleins de recoins et de remous. La mélancolie est la variété sombre du sentimental. Le sentiment comme la mélancolie adhèrent, attachent, fusionnent. L'amour coupe, détache, vole. Par le sentiment je suis englué dans moi-même. Par l'amour j'en suis détaché, arraché." (extrait de "Mozart et la pluie")
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