lundi 27 avril 2009

Un lundi matin avec Christian Bobin






Un jour, un sourire de béatitude, un instant de grâce ...
Le lendemain, une impression de lourdeur, un boulet qui empèche d'avancer ...
La mélancolie, pour moi, c'est un même état pour deux résultats ...

Christian Bobin livre sa perception de la mélancolie :

"La mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi. Elle est comme quelqu'un qui me fait de l'ombre, debout entre le jour et moi. Je dois pour m'éveiller la repousser sans ménagement. La mélancolie aime la mort, d'amour profond. Cela fait des années que je lutte avec ces profondeurs, que je m'efforce de limiter leur influence, sans y parvenir toujours. Seule la légèreté m'est toujours venue du côté de l'amour. Pas du sentiment : de l'amour. J'ai mis longtemps avant de voir ce qui séparait l'amour du sentiment : presque rien, un abîme. Le sentiment est du côté de la mélancolie. Il y tombe à coup sûr, tôt ou tard. Le sentiment et la mélancolie naissent d'une préférence de soi pour soi, d'une complaisance - exaltée ou effondrée - de soi pour soi. Le sentiment comme la mélancolie sont insondables, pleins de recoins et de remous. La mélancolie est la variété sombre du sentimental. Le sentiment comme la mélancolie adhèrent, attachent, fusionnent. L'amour coupe, détache, vole. Par le sentiment je suis englué dans moi-même. Par l'amour j'en suis détaché, arraché." (extrait de "Mozart et la pluie")
.

4 commentaires:

Marie a dit…

j'ai lu et relu plusieurs fois ces mots... avant de me lancer à commenter...

ils sont forts, vrais et faux à la foi.... dissocier sentiment et amour est ardi.... je ne suis pas toujours en total accord avec ces mots... mais ils éveillent en moi..beaucoup...

dgina a dit…

"la mélancolie est la variété sombre du sentimental", c'est bon je suis fan et j'achète le livre, merci à toi!!!! :o)

sirene-k a dit…

Dgina, tu verras par toi même mais C.Bobin est vraiment un auteur qui moi me touche terriblement, il n'est pas rare que les larmes me montent aux yeux en le lisant. Cela dit, comme personne n'est parfait, il y a aussi des textes de lui auquels je suis totalement hermétique, je ne peux pas, ça ne prend pas. Enfin, quand ça prend, ça prend bien !

sirene-k a dit…

Marie, je vois très bien ce que tu ressens. Pour tout te dire j'ai longuement hésité avant de publier ce texte,il y a effectivement quelque chose qui me laisse dubitative. Je n'arrive pas vraiment à savoir ce qui me gène exactement et si ce "truc" me gène parce que je ne suis pas d'accord ou parce que je ne le comprends pas comme il le faudrait. Par exemple que "la mélancolie aime la mort, d'amour profond"...je n'irais pas jusque là. Et le fait d'associer mélancolie et sentiment "contre" l'amour...cette idée du noir contre le blanc...je m'interroge...mais finalement peut-être que l'explication vient lorsqu'il dit que sentiment et mélancolie "naissent d'une préférence de soi pour soi, d'une complaisance-exaltée ou effondrée- de soi pour soi" et là la dissociation avec l'amour prendre tout son sens, il a raison, l'Amour est bien au delà de ça.
Bon, je n'ai jamais était très doué pour expliquer ou tout simplement parler d'un texte écrit par quelqu'un d'autre mais j'avoue avoir décidé de publier cet extrait pour voir ce que d'autres pouvaient en penser et puis aussi parce que malgré le doute, il y a des passages que je trouve très beaux et pour le coup dans lesquels je me retrouve : la première phrase est sublime, "la mélancolie se lève chaque matin une minute avant moi..." et "seule la légèreté m'est toujours venue du côté de l'amour" et encore la phrase de tout à l'heure sur la mélancolie comme complaisance de soi pour soi etc...Bref, tous ces passages ont fait que ce texte m'a particulièrement touché.
Et pour finir, parce que j'avais quelques interrogations quant à sa définition de la mélancolie et du sentiment, j'ai présenté ce texte en disant que C.Bobin présentait SA perception de la mélancolie. Pas folle la guêpe, courageuse mais pas téméraire ! euh...à moins que ça soit l'inverse, je ne sais plus ! :-)